Télécoms: Chère data !
Par Mohamed Douyeb
On sait enfin le prix du giga au Maroc ! Il est en moyenne de 10 DH ! La révélation du quotidien L’Economiste, à sa Une, du tarif moyen pratiqué, via les formules de recharge internet, et les explications de l’expert IT et télécoms, Khalid Ziani, sur Atlantic Radio ont eu l’effet d’une bombe au niveau du top management du régulateur du secteur des télécoms (ANRT) et des états-majors des opérateurs. Pas de réactions officielles. Il faut dire que les enjeux d’une telle information sont énormes. 10 DH le giga… ce tarif est des plus élevés au monde, lit-on dans L’Economiste. Rien que ça ! Il est même 10 fois plus cher par rapport à certains pays notamment européens. Le pays où la data est la moins chère est l’Inde, suivie d’Israël (voir infographie).
Fait majeur, plus de 80% des consommateurs marocains de la data préfèrent le mode recharge (prépayé) contre moins de 20% en formule abonnement (post-payé). La logique voudrait que ces mêmes proportions soient inversées (80% post-payé contre 20% pour le prépayé), à l'instar de pays dont les écosystèmes télécoms et numériques sont mâtures. Reste à savoir pourquoi le marché marocain est resté longtemps bloqué dans cette configuration. Est-ce le manque de confiance des consommateurs vis-à-vis des opérateurs ? Est-ce la faute du régulateur qui ne favorise pas les conditions d'une grande concurrence sur les offres prépayées ? Notons que les tarifs des opérateurs restent quasiment identiques sur le prépayé. Quid de la concurrence ? Que fait l’ANRT ? Autant de questions auxquelles il faut apporter des éclaircissements. Faire jouer la concurrence sur le prépayé devrait impliquer une baisse des prix d'internet en général et de la data en particulier.
Et la fibre optique ?
En attendant, sur le segment de la fibre optique, les opérateurs proposent des offres avec des promesses en termes de plafonnement du nombre de giga. On sait que le plafond, tel que promis, n’est quasiment jamais atteint. Les débits indiqués ont une faible probabilité d'être atteints dans une configuration de partage de la connexion. Les débits annoncés ne sont pas contractuels. Aucun opérateur ne peut s'engager contractuellement sur un débit pour une connexion facturée à des particuliers. La non-mutualisation des infrastructures télécoms fait que chaque opérateur tire son propre câble. Or, le déploiement de la fibre est extrêmement couteux. D'autant plus que chaque opérateur est tenu de couvrir l'ensemble du territoire. Du coup, la fibre coûtera trois fois plus cher au Maroc. Cette facture salée sera amortie dans la durée, mais in fine, c'est le consommateur qui en paiera certainement le prix.
Zéro indicateurs, zéro visibilité !
Pendant ce temps, les opérateurs, les équipementiers ou encore les investisseurs potentiels attendent la publication par l'ANRT des indicateurs de l'observatoire des télécoms. Une publication régulière qui renseigne le taux de pénétration de la téléphonie mobile, fixe et internet... Or, c'est le silence radio auprès de l'instance de régulation du marché. Aujourd'hui, ce manque de data est vivement décrié d'autant plus que la croissance du secteur des télécoms est au point mort depuis quatre ans.