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25 mai 2019 - 00:05

La Cour des comptes sceptique quant à l’efficacité de l’Agence du digital (Par Raja Bensaoud, cofondatrice Digital Act)

L’administration électronique (ou l’administration en ligne, e-administration ou cyber administration) consiste à utiliser les TIC pour améliorer de manière significative les services publics et augmenter leur efficacité. Les services publics accessibles « en ligne » en sont l’une des traductions.

Le rapport de la Cour des comptes, publié le 20 mai 2019, a procédé à une évaluation des services en ligne, fournis par les secteurs publics au Maroc. Dans ce rapport, la Cour a exprimé des craintes quand à l’efficacité de l’Agence de développement du digital.Cette Agence a été créée en 2017 (Loi N°61-16)  avec comme mission de déployer la stratégie de l’Etat dans le domaine du développement de l’économie numérique. Cette Agence s’est vue confier également la mise en place des projets de l’Administration électronique et le développement de services publics numériques. L’Agence devait mettre en place une plateforme d’échange de données inter administrations, un Digital lab (permettant la digitalisation du parcours usagers des services publics) et un portail agrégeant les services administratifs.

Dans le rapport de la Cour des comptes, on peut lire : « La Cour émet des craintes quant à la reproduction de l’expérience du Comité Interministériel e-gouvernement (CIGOV) qui était l'instance de pilotage stratégique du programme e-gouvernement. Celle-ci a montré ses limites et nombre de projets n’ont pu avancer significativement (création en ligne de l’entreprise, identifiant unique du citoyen, Gateway gouvernementale...) notamment à cause de la faiblesse des prérogatives de cette instance et de son incapacité à réaliser les arbitrages inter-administrations » Extrait rapport CC 20 Mai 2019.

Dans une précédente tribune, notre think tank a souligné la nécessité de doter cette Agence des outils et moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions qui deviennent cruciales.  Il appartient à l’Agence de Développement du Digital de se positionner non pas en tant qu’une organisation publique aux côtés d’autres administrations, mais bien d’être un partenaire efficace, capable de coordonner des projets transversaux, qui rassemble les acteurs et qui apporte de la valeur à toutes les administrations dans leurs projets de digitalisation. Elle doit, par ailleurs, être dotée des budgets, des ressources humaines et talents nécessaires à la réalisation de son action.

Les enjeux liés aux services publics en ligne sont nombreux. Citons, à titre d’exemples :

  • Plus de transparence dans les relations entre les citoyens et l’administration
  • Réduction de la bureaucratie (les files d’attente, les déplacements et lève les contraintes géographiques  et temporelles)
  • Réduction du coût des services publics

L’Administration publique doit désormais faire face à la demande croissante des usagers qui veulent bénéficier de services en ligne de la même qualité que ceux du secteur marchand. Et c’est légitime. Nos concitoyens souhaitent avoir une administration accessible (sans contrainte de temps ni de lieu), réactive et qui fournit des informations claires et fiables avec des procédures simples. Or, la Cour relève une dégringolade préoccupante du Maroc dans le rating des pays en matière de services en ligne (Classement ONU).

Enfin, il est à souligner que le rapport de la Cour des comptes n’aborde pas la question de la fracture numérique  que la généralisation des services publics en ligne ne tardera pas à créer. Quelles solutions pour les citoyens qui ne savent pas  utiliser le numérique, n’ont pas les outils nécessaires pour accéder à ces services (ordinateur, mobile, scanner,…) ? Les services publics en ligne doivent s’adapter à l’ensemble des citoyens.